Toute destination a ses pépites, ses incontournables, ses trésors. De passage ou en séjour, il ne faut les manquer sous aucun prétexte. Au Pays de Saint Jean de Monts, le Pont d’Yeu est de ceux-là.
Le Pont d’Yeu, entre histoire et légende
Le site dupe de temps à autre quelques visiteurs néophytes du Pays de Saint Jean de Monts. Ils se mettent à la recherche de ce fameux pont à Notre Dame de Monts reliant l’île d’Yeu, en vain.
Le Pont d’Yeu est en réalité un site naturel, une langue rocheuse qui se dévoile uniquement à marée basse. Il s’étire sur 2 kilomètres en direction de l’île d’Yeu, voire bien plus si les conditions sont optimales.
Prenez une belle journée ensoleillée, ajoutez-y une grande marée d’équinoxe et parsemez le tout d’un vent de Nord – Nord-Est, le Pont d’Yeu se laissera alors largement découvrir. Il révèle dans ces cas-là un banc de galets de près de 4 kilomètres reliant la plage à l’épave de La Martha, navire norvégien échoué à la veille de Noël 1905.
Un curieux pont
Pourquoi ce nom trompeur nous direz-vous ? Il fut baptisé ainsi, en lien avec la légende qui l’entoure. Au IXe siècle, saint Martin souhaitait aller prêcher la bonne parole sur l’île d’Yeu. Satan lui fit alors une offre. Il lui proposa de construire une chaussée entre le continent et l’île, en échange de la première âme à y passer. Saint Martin accepta en posant toutefois une condition : que le pont soit achevé avant le chant du coq. Sans plus tarder, Satan se mit à l’ouvrage, aidé par tous ses démons. Il prit soin d’enivrer le coq, dans le but de retarder son réveil. Le breuvage eut l’effet inverse et l’animal se mit à chanter au beau milieu de la nuit. Pris de panique, les démons abandonnèrent le chantier et s’enfuirent, laissant tomber ci et là les pierres destinées à la construction du pont. Le menhir de la Vérie à Soullans (dit menhir de la Pierre Levée) serait d’ailleurs l’une d’elles, tout comme les Cinq Pineaux à Saint Hilaire de Riez…
Une variante de la légende nous dit que le Diable fut doublement roulé car saint Martin lâcha un chat sur la chaussée. Ce n’était pas vraiment ce que Satan avait imaginé quand il avait demandé à recevoir la première âme qui traverserait la chaussée !
Mais vous vous en doutez, les origines du Pont d’Yeu sont en réalité bien plus rationnelles. Elles ont pu être datées grâce à l’analyse de fossiles marins présents sur le site. Selon les résultats des études scientifiques, l’écueil fut créé il y a plus de 45 millions d’années, par la rencontre de deux courants marins opposés. Si nous pouvons encore l’admirer aujourd’hui, c’est en partie grâce à sa composition. Constitué de calcaire gréseux, le Pont d’Yeu résiste particulièrement bien au phénomène d’érosion.
Un site naturel, pourvoyeur d’écononomie locale
Avant de devenir la curiosité touristique qu’il est aujourd’hui, le Pont d’Yeu intéressa pour sa pierre. Au début du XIXe siècle, le site fut exploité comme carrière et faisait vivre un certain nombre de familles montoises. Le quota d’extractions imposé par le Génie Maritime oscillait entre 300 et 400 m3 de pierres par an. Les blocs extraits étaient remontés sur la dune par la force des ânes ou grâce à des tombereaux attelés de chevaux. Les pierres les plus belles (relativement plates et de taille importante), étaient destinées à la construction de maisons. Quelques-unes habillent encore fièrement certains bâtiments de l’Avenue de la Mer à Saint Jean de Monts. Les autres pierres étaient quant à elles utilisées pour la construction de routes.
L’activité d’extraction de la pierre cessa dans les années 1930. L’abolition de cette pratique permis un repeuplement progressif du Pont d’Yeu par les coquillages et l’activité de pêche s’y développa. Dans les années 80, des cultures ostréicoles y furent expérimentées avec la technique de l’élevage en surélevé. Si les résultats étaient encourageants, les risques sur le long terme se sont montrés trop importants : menace d’une destruction progressive des accès avec le passage répété des tracteurs, crainte d’une plage envasée condamnant l’activité de pêche à pied… La municipalité de Notre Dame de Monts a alors préféré mettre fin à l’ostréiculture au Pont d’Yeu.
En bref, bien loin d’avoir permis de rejoindre l’île d’Yeu comme le voulait la légende, le Pont d’Yeu eut de nombreuses autres vocations. Tantôt carrière de pierres, tantôt parc ostréicole, il est à présent un point d’intérêt touristique majeur.
Nos conseils pour découvrir le Pont d’Yeu à Notre Dame de Monts
Vous y accédez par trois chemins forestiers (via la rue de l’Ecolière, la rue de Villeneuve ou la rue du Pont d’Yeu).
Vous rejoignez ainsi un vaste parking gratuit. Sur son extrémité sud (à gauche), empruntez le sentier pédestre puis l’escalier en bois qui monte la dune.
De là-haut, le panorama est superbe : sur la plage et sa curieuse langue rocheuse qui avance dans l’océan, mais aussi sur les îles d’Yeu et de Noirmoutier. Après en avoir pris plein les mirettes, nous vous suggérons de :
- descendre sur la plage du Pont d’Yeu. Sauvage et adossée à la dune, elle offre un superbe cadre pour une baignade.
- partir pour une balade de 5 km sur le “sentier de la dune au marais”.
A moins que vous n’ayez la chance d’être au Pays de Saint Jean de Monts un jour de grande marée ? Dans ce cas, nous ne pouvons que vous inviter à tester l’expérience inédite de la pêche à pied au Pont d’Yeu. Le site est l’un des spots préférés des locaux. Equipez-vous de l’outillage du parfait petit pêcheur à pied : grapette, serfouette, couteau à palourdes… Et en avant. Le Pont d’Yeu devrait vous offrir quelques moules et palourdes pour le déjeuner.
Veillez toutefois à regagner la plage dès lors que l’eau commence à recouvrir le promontoire rocheux. Pour cela, dirigez-vous en direction de la balise blanche et rouge présente côté sud de la plage. Puis, le trésor se cache à nouveau dans son bel écrin iodé, jusqu’à la prochaine marée qui attirera d’autres curieux…
Pour plus d’informations sur le Pont d’Yeu, nous vous invitons à vous plonger dans l’ouvrage “La vie au Pont d’Yeu” par l’association Les Amis de Notre Dame de Monts.