Marine Millet a tout juste 15 ans, mais déjà un sacré palmarès au tableau : 1er titre de championne de France en 2022 à Ouistreham, un second en 2023 à Gravelines puis, en novembre 2024, elle décroche le titre de vice-championne de France et vice-championne d’Europe à Hardelot, derrière sa copine de toujours, Katell Pineau, également licenciée à l’Aéroplage Club Fromentine (ACF). Marine a su apprivoiser les plages du nord, réputées difficiles à piloter, et monter chaque année sur le podium !
En dehors du char à voile, Marine est une jeune fille ancrée dans son époque, aimant la mode et les cosmétiques, mais également la photo et le dessin. Et comme le sport fait partie de l’ADN de la famille, elle pratique également le vélo et le snow board après avoir longtemps fait de la danse. Enfin, elle apprécie la mécanique, technique à maitriser pour tout bon pilote de char !
Découvrez l’intégralité de l’interview de Marine Millet
Petit flash-back, comment on en arrive à faire du char à voile, comment est née cette passion ?
Avec un papa passionné de char à voile et éducateur à l’Ecole de char de Fromentine, la route était toute tracée. 
Comme l’évoque Nicolas, son papa, « Marine est une enfant de l’océan. Vivant à quelques pas de la plage, elle y a toujours passé beaucoup de temps. Petite, elle adorait grimper sur le quad utilisé par l’école de char ». Nicolas l’a initiée en biplace lorsqu’elle était encore petite. Puis, après avoir testé en 2017 avec l’école mais sans attrait particulier, c’est lorsque sa copine Katell a commencé qu’elle l’a tout naturellement suivie au printemps 2018.
Que réponds-tu à celles et ceux qui te disent que c’est un sport de garçon ?
Les garçons sont plus présents que les filles en char à voile, mais ça a tendance à évoluer, de plus en plus de filles s’y mettent. Et je suis sûre que nous pouvons challenger les garçons ! D’ailleurs, au championnat de France, j’ai remporté le titre filles mais aussi le titre au concours complet (le scratch), où j’étais en compétition directe avec des garçons.
Je pense que les filles ont l’avantage d’être plus à l’écoute, plus calmes et attentives aux conseils des coachs, mais aussi aux éléments. Nous sommes souvent plus délicates dans les manœuvres… bon, ce n’est pas forcément mon cas, j’avoue ! Ce sont des atouts importants, surtout à partir de 13/14 ans, quand la différence physique commence à se faire sentir et que la puissance donne souvent l’avantage aux garçons. Il n’y a pas assez de filles, c’est dommage !
Quelles sensations ressens-tu quand tu es aux commandes de ton engin ?
La liberté ! C’est la première sensation qui me vient en tête : avancer à la seule force du vent. Toute seule dans mon char, je peux faire ce que je veux. Mais c’est aussi sympa de partager le moment avec la famille ou les amis, quand on roule ensemble.
L’insouciance, surtout quand on est jeune (on n’a pas forcément conscience du danger…)
Ce sport m’a aussi appris l’humilité : c’est la nature qui guide. C’est ensuite à moi de faire les bons choix de matériel, de direction, de prise au vent… Je dois m’adapter aux contraintes, suivre les caprices du vent et le rythme des marées. On joue avec la nature, mais on ne la maîtrise jamais totalement.
Et puis, il y a l’adrénaline, le stress ! À 70 km/h, on ne voit pas les rafales mais on les ressent ! Il faut être attentif, savoir contrôler son engin, comprendre la plage et son environnement. C’est un sport technique, seule l’expérience permet d’apprendre.
C’est un sport à la fois technique et très sensoriel, quels sont les atouts qui te permettent de performer ?
Je suis née dans le vent et sur la plage. J’ai cette sensibilité pour sentir les éléments et je sais être attentive. En plus, étant la fille de l’entraîneur, je suis assidue aux entraînements (pas le choix ). Mon père l’avoue lui-même : il est plus dur et exigeant avec moi qu’avec les autres !
Tes conseils aux personnes qui découvrent le char ?
C’est une super activité accessible à tous ! Quand on débute, on va à son rythme, on se fait plaisir et on éprouve de bonnes sensations dès le départ. C’est cool de découvrir le char à voile en famille ou entre amis. D’ailleurs, c’est devenu une activité très demandée pour les enterrements de vie de jeune fille !
On peut commencer le char à voile dès 6 ans avec le pass sport, notamment le mercredi matin pour les locaux. Les plages du Pays de Saint Jean de Monts sont parfaites pour débuter : elles sont vastes, accessibles et idéales pour apprendre. Il y a d’ailleurs des habitants de La Barre de Monts qui viennent découvrir l’activité… et on les voit revenir ! Avec le temps, tout devient plus facile, les gestes deviennent des réflexes et on prend vraiment plaisir à piloter.
Quelle est ta saison préférée pour pratiquer ?
L’hiver est ma saison préférée. C’est souvent plus venteux, plus compliqué, avec des vents forts et irréguliers. Les tempêtes et les marées dessinent des rigoles, des baignoires d’eau… Je me fais plaisir et je ressens des sensations différentes ! Et puis, c’est la période où la plage est vide, je me sens vraiment libre.
Mais j’aime aussi le pilotage en été. C’est agréable de rouler en tee-shirt ! Je continue de m’entraîner régulièrement l’été pour ne pas perdre les réflexes et être prête pour la reprise des compétitions, notamment le championnat de France qui a lieu fin octobre. Et puis, en été, on peut enchaîner la séance de char avec une baignade en mer…
Et ton spot favori au Pays de Saint Jean de Monts pour pratiquer ?
Je m’entraîne toute l’année sur les plages de La Barre de Monts – Fromentine. Je les connais par cœur et j’y ai mes habitudes. Mais j’aime aussi l’immense plage de Saint Jean de Monts. J’adore y voir les compétitions de classe 3.
Ta plus belle victoire ?
Difficile de choisir entre deux très grands moments :
- Ma deuxième course, alors que je pratiquais depuis moins d’un an, sur la plage de Notre Dame de Monts. Je termine 1ʳᵉ de ma catégorie, juste derrière Loïc Pineau, un pilote titré de l’ACF qui avait six ans de plus que moi. Papa était très ému !
- Ma 1ʳᵉ place au championnat de France à Ouistreham en 2022. Une vraie surprise, car ça s’est joué à rien sur la dernière manche : je n’étais qu’à 1 ou 2 points du second. Et en plus, on a eu une victoire par équipe au général mixte en catégorie minime !
Vous avez une super équipe de char à voile à Fromentine, ça doit être motivant de s’entrainer avec les meilleurs juniors français et européens de la catégorie, non ?
L’Aéroplage Club Fromentine forme de nombreux pilotes et a déjà obtenu beaucoup de prix. Alors c’est hyper motivant oui ! Franck Levaillant, plusieurs fois champion de France, d’Europe et du Monde, est adhérent du club et roule en équipe de France. Il est un exemple pour nous, les juniors.
Forcément, on se challenge entre cadets, nos concurrents directs lors des courses de ligue et du championnat de France. Mais on aime aussi aller se frotter aux plus grands quand on peut ! On s’entraine tous ensemble au club, de tous les âges et de tous les niveaux, dans une bonne ambiance. On s’échange beaucoup de conseils, on est très soudés !
Pour moi, les championnats de France sont l’un des meilleurs moments de l’année. Pendant trois jours, on partage tout, on se retrouve tous ensemble, avec les parents venus nous encourager.
Et la relève est assurée avec Justin, mon petit frère ! Champion de Ligue poussin, il a été surclassé pour le championnat de France à Hardelot et termine 11ᵉ sur 22. Une belle surprise pour lui et son pote, qui montent sur le podium avec une 3ᵉ place en équipe benjamin !
Tes objectifs à venir ?
Pour moi, il y en a deux cette année. D’abord, gagner la Ligue Pays de la Loire 2025, que j’ai déjà remportée en 2024 et dont j’étais super fière. Ensuite, retrouver mon titre de championne de France à Bretteville-sur-Ay (Normandie) en octobre prochain. Maintenant que j’ai acquis de l’expérience sur les plages du Nord, j’ai de bons espoirs, surtout que Bretteville est située à l’ouest du Cotentin, avec des plages aux profils plus proches des nôtres.
Et pourquoi pas un championnat de France en Vendée en 2026 ?
En attendant, place à une nouvelle saison de char à voile pour Marine, avec de beaux moments à partager avec les potes de l’ACF. Enjoy !
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