Situées au large du remblai de Fromentine, les mystérieuses épaves de bateaux enfouies dans l’eau interrogent bien des curieux. En effet, les “4 As” constituent réellement un bond dans le passé et dans l’Histoire, que nous allons vous conter.
Fromentine, site stratégique durant la Seconde Guerre mondiale
Tout commence en août 1944. Fromentine, comme la plupart des communes voisines, est sous occupation allemande. Le Troisième Reich (l’Allemagne nazie) construit le Mur de l’Atlantique. C’est un moyen de fortification déployé sur toute la Côte Atlantique pour prévenir l’arrivée des Alliés, venus de Grande Bretagne.
Ainsi, on voit par exemple la Villa des Peupliers, édifice mythique du remblai de Fromentine, servir de Quartier Général pour les Allemands. Elle était un véritable point stratégique qui permettait d’un côté de surveiller la côte, et de l’autre de garder un œil sur l’île de Noirmoutier.
L’Opération Kinetik
Au même moment du côté des Alliés, nous sommes deux mois après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, qui a permis la libération de quelques villes françaises. Churchill lance un système d’aviation de poursuite des navires allemands afin de les empêcher de s’approcher de la côte entre Brest et La Rochelle ; c’est l’Opération Kinetik.
Quatre navires singuliers : les Quatre As
Les 4 As ont été nommés ainsi de par leurs noms : l’As de Pique, l’As de Carreau, l’As de Cœur et l’As de Trèfle. Ils ont tous été construits en Hollande, pays transformé en véritable atelier de guerre par les allemands qui l’ont envahie dès 1940. Ces navires font partie de la série M pour Minenschutz-Boote, traduit de l’allemand « bateau de protection contre les mines ». Les M366 et M367 ont été fabriqués à Elbing, le M428 à Schiedam et le M438 à Amsterdam.
L’évènement du 8 août 1944 à Fromentine
Le 8 août 1944, les quatre dragueurs allemands ont choisi le goulet entre Fromentine et l’Île de Noirmoutier pour s’abriter discrètement, ayant aperçu les troupes des Alliés. Leur but final était de rejoindre Saint-Nazaire pendant la nuit.
Le récit de l’attaque
La cachette des allemands n’a pas échappé à la vigilance d’un escadron de 24 avions canadiens de reconnaissance. Ils passaient par là au même moment, vers 18h, ayant détecté une activité suspecte. Ces beaufighters, avions de combat de la Royal Air Force créés et utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, les ont bombardés, armés de roquettes, mitraillettes et fusées. Les 4 As ne pouvaient se mouvoir, coincés par la marée basse. En 25 minutes, les quatre navires sont détruits ou coulés. C’est une victoire pour les Alliés.
Un lourd bilan
L’attaque fera 30 morts et 80 blessés allemands. Du côté des Alliés, 2 décès sont à déplorer. En effet, l’un des 24 avions a piqué du nez dans l’océan suite à la combustion d’une de ses ailes. Elle a été atteinte par la défense anti-aérienne allemande. Ainsi, Ian Robbie et Robert Forestell, navigateurs canadiens, ont perdu la vie ce jour-là. Les deux amis reposent aujourd’hui au cimetière de Barbâtre et une stèle leur fait honneur à la Pointe de la Fosse.
Ne resteront des Quatre As que les épaves de deux des navires, visibles à marée basse. Les deux autres ayant été renflouées pour faciliter la navigation des bateaux sur la baie de Bourgneuf. Entre vase et sable, ces vestiges de la guerre 39-45 sont encore bien présents au large de Fromentine et viennent illustrer la réalité de la vie sous l’occupation.
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Laurane
Amoureuse de la nature et sportive, j’ai de quoi m’amuser au Pays de Saint Jean de Monts ! Incollable sur les parcours de trail, j’adore les arpenter et ainsi jongler entre plage et forêt ; les saisons offrent un renouvellement continu des paysages. Fan de sport nautique, j’ai l’embarras du choix et alterne souvent entre surf et paddle l’été.